Mais quel pays ! Gustave Fayet dessine la Provence de Mirèio

Gustave Fayet, un personnage fascinant passionné par l'art et son territoire

En 2025 puis 2026 Gustave Fayet est à l'honneur dans plusieurs expositions. , D’Arles à Paris (Fondation Louis-Vuitton) en passant par Avignon, Béziers, Igny ou Narbonne… Des expositions un peu partout, pour enfin rendre justice à l’oeuvre picturale de ce personnage incroyable du début du 20e siècle (viticulteur languedocien, industriel, artiste, restaurateur d’abbaye, collectionneur d’art de premier ordre, mécène…) qui présente parmi ses nombreuses particularités celle d’être fasciné par Mirèio, le grand oeuvre de Frédéric Mistral, par ailleurs fondateur du Museon Arlaten. Son travail d’illustration du poème mistralien ne pouvait laisser indifférent Christian Lacroix : le créateur arlésien se saisit des volumes de la Chapelle du Museon pour proposer une scénographie vibrante où entrent en résonance dessins à l’encre de Chine de Fayet et objets des collections du Museon choisis pour leur caractère primordial, leur ancrage dans ce que la vie a de plus essentiel.

Mirèio, ce chef d'oeuvre de Frédéric Mistral qui passionna Gustave Fayet

Frédéric Mistral (1830-1914), poète provençal et fondateur du Museon Arlaten, publie son chef-d’oeuvre littéraire, Mirèio, en 1859. Ce poème en douze chants, écrit en provençal, fait fl orès en France et à l’international et jouera pour beaucoup dans l’attribution du Prix Nobel de littérature à l’auteur de Maillane. Mirèio fascine Gustave Fayet (1865-1925), riche homme d’affaires biterrois, un des plus grands collectionneurs d’art de son temps (Gauguin, Degas, Renoir, Cézanne, Van Gogh, Redon…; il fut aussi le premier à exposer Picasso en France) et artiste lui-même. Depuis son Languedoc natal, il s’éprend de la Provence. Elle est son Orient, où souffle un vent de liberté. Il admire la beauté et la force du poème mistralien. Cette oeuvre tragique fait retentir la violence et la mort. Elle est aussi, en contraste, un chant d’amour pour un pays, une culture, une langue. Gustave Fayet se retrouve, intimement, dans le poème.

IMAGINAIRES

À l’été 1922, il entreprend un pèlerinage artistique dans les pas de Mireille, un carnet de dessin entre les mains. Il ne se contente pas d’illustrer le poème de Frédéric Mistral. Il en redéfinit certains contours, y instille sa propre géographie et sa créativité, y distille ses inspirations modernes, de Wagner à Van Gogh, du japonisme au symbolisme. Il se livre, intimement, dans ses dessins. S’ils sont la transcription des âpretés de sa vie, la mémoire de la perte d’un fi ls de quinze ans, l’écho de ses désirs peut-être longtemps contrariés d’être pleinement artiste lui-même, ils sont aussi une expression de sa lumière et de sa sereine maturité.

LES POEMES EN OBJETS DE CHRISTIAN LACROIX

À l’occasion du centenaire Gustave Fayet, la Mirèio de Mistral et la Mirèio de Fayet se rencontrent donc au Museon Arlaten, en partenariat avec le Musée d’Art Gustave Fayet de Fontfroide. Christian Lacroix met en scène ce rendez-vous et nous invite au coeur du dialogue des imaginaires.
Dans la nef, les paysages dessinés de Fayet, sans personnages, à l’encre noire, s’adossent à un décor de sagne naturelle, quand nos pieds foulent la douceur de nuages oniriques. Dans les chapelles latérales, les collections du musée ouvrent une fenêtre sur l’arrière-monde du poème et des dessins. Chaque alcôve correspond à un élément naturel et dévoile un microcosme provençal. Quatre « poèmes en objets », sensibles et imagés, incarnent les mondes de Mireille.

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